Plus d’un millier de femmes et d’hommes ont manifesté, il y a quelques jours à Jérusalem, à l’appel de plusieurs organisations féministes et de laïques pour exiger la fin de la ségrégation sexiste imposée, depuis plusieurs années, par les intégristes juifs, dans pas moins quatre-vingt-dix lignes d’autobus, en Israël. Les manifestants se sont également rassemblés devant la résidence officielle du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, en brandissant une banderole indiquant qu’ « Israël n’est pas l’Iran ».
Les juifs ultra-orthodoxes, à l’instar de leurs frères et sœurs intégristes musulmans et chrétiens, sont les ennemis les plus déterminés de la mixité entre les sexes, conformément selon eux aux enseignements de l’Ancien Testament. C’est pour cette raison qu’ils ont imposé, depuis 2 000, que les hommes se placent à l’avant et les femmes à l’arrière des bus. Les femmes doivent, de plus, monter par la porte arrière, et devrait porter des tenus décentes.
De nombreuses femmes ont ainsi été vilipendées ou agressés physiquement, parce qu’elles s’étaient assises par mégarde sur des banquettes faisant partie de l’ « avant » des bus, à cause de l’absence de signalisation de ces deux espaces à l’intérieur de ces moyens de transport.
Évidemment, ceci n’est pas étonnant quand on enseigne à ces religieux des passages de la Bible du rabbinat tels que : « A la femme il dit : J’aggraverai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras dans la douleur ; la passion t’attirera vers ton époux, et lui te dominera. » ; et dans le Kohelet : « Et ce que j’ai trouvé de plus amer que la mort, c’est la femme, dont le cœur n’est que guet-apens et pièges et dont les bras sont des chaînes. »
Ces prédateurs, fer de lance également de la colonisation des Territoires palestiniens, veulent étendre cette ségrégation aux hôpitaux, aux bureaux de postes, et même dans les avions des compagnies aériennes.
En Algérie, leur alter égo, les islamofascistes du Front islamique du salut, avaient eux aussi imposée cette séparation des sexes dans les véhicules des régies de transport en communs de certaines municipalités, qu’ils avaient conquises, lors des élections de 1990. Les femmes avaient alors été obligées de se placer devant et les hommes à l’arrière, séparés par une paroi en plexiglas, qu’ils y avaient fait installer à cet effet.
Peu importe également pour ces intégristes, les désagréments que cette séparation occasionne aux familles, aux couples, aux mamans accompagnées de leurs garçons et aux papas de leurs filles. Obéissance absolue au Talmud ou au Coran oblige !
D’ailleurs, on n’a pas besoin d’être aussi extrémiste que les Juifs ultra-orthodoxes pour pratiquer ce type de ségrégation. Il suffit d’être « simplement » intégriste, comme Tariq Ramadan, pour donner comme il l’a fait, des conférences, devant une assistance où les militantes et les sympathisantes islamistes, considérées de fait comme des pestiférées, sont soigneusement éloignées des hommes, malheureusement sans réaction de désapprobation des « féministes islamiques » ; et pour déconseiller à ses ouailles de fréquenter les piscines mixtes.
La ségrégation sexiste, avec l’interdiction de toute activité le jour de shabbat, par exemple, ne sont pas les seules revendications de ces fondamentalistes.
Il s’agit également du noyautage possible de l’armée israélienne, avec les graves conséquences que l’on imagine, par un autre courant extrémiste politico-religieux juif. Cela concerne les soldats fanatiques, appelés du contingent, membres des « Yeshivat hesder », école talmudique, combinant études religieuses et privilège d’effectuer leur service militaire pendant seulement dix-huit mois au lieu des trente-six mois règlementaires. « Hesder » signifie « arrangement » en hébreu, un arrangement entre le ministère israélien de la Défense et les cinquante-sept « Yeshivat hesder », ainsi que leurs 7 500 étudiants.
Ces soldats sont particulièrement « motivés » dans la répression des populations palestiniennes dans les Territoires et l’expansionnisme de l’État d’Israël. A la grande satisfaction des chefs de l’armée… Jusqu’à ces derniers temps !
Désormais, ce qui préoccupe ces derniers, c’est le risque de sédition. C’est ainsi que le 22 octobre dernier, certains de ces soldats n’avaient pas hésité à déployer des banderoles face à leur commandant, pendant leur prestation du serment militaire habituel, où l’on pouvait y lire « Nous ne nous sommes pas engagés pour évacuer des Juifs. » des colonies ou « Le bataillon Shimshon n’évacuera pas Homesh », une colonie sauvage en Cisjordanie.
D’autres de ces soldats appartenant au bataillon Nahshon avaient refusé d’obéir aux ordres de destruction d’un avant-poste d’une colonie, près de Hébron. Ces jeunes, fanatisés dans un grand nombre de yeshivat, écoles similaires aux madrassa des Talibans afghans, ne font, dans leur esprit, qu’obéir « aux 613 commandements de la Torah, dont l’un des plus importants est de s’installer sur la terre d’Israël. »
Certains de leurs rabbins les encouragent publiquement à désobéir aux ordres allant à l’encontre de la Torah. « La loi de l’État peut changer, pas celle de la Torah » justifie le rabbin intégriste, Levalon, directeur de la yeshivat d’Elon Moreh.
Les chefs de l’armée, comme nombre d’observateurs israéliens, ne manquent pas de s’interroger sur l’attitude de ces soldats fanatiques, si leur institution se voyait un jour obligée de procéder au démantèlement ne serais-ce que d’une partie des colonies illégales.
Sources :
- Reportage de France 24
- Quand des soldats religieux se dressent contre Tsahal, le Figaro du 19/01/2010
- Caroline Fourest et Fiammetta Venner : Tirs croisés : la laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman, éd. Calmann-Lévy, Paris, 2003.