De nouvelles informations alarmantes nous avaient été transmises du Maroc en septembre dernier. Pas moins de 15 membres, résidant dans différentes villes du Maroc, appartenant au tout nouveau Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) avaient été arrêtés. Ils encouraient une peine d’un à six mois de prison, en plus des amendes. Leur « crime » ? Ils s’apprêtaient à déjeuner en public en plein mois de ramadan, mais ils en avaient été brutalement empêchés par les policiers, qui avaient également procédé à des arrestations, dont les deux figures emblématiques de ce groupe : Zineb el-Rhazoui et Ibtissame Betty Lachgar.
Le pouvoir marocain avait cependant été contraint de les relâcher, après les vives protestations que cela avait soulevé.
Les deux jeunes femmes avaient par la suite été interdites de sortie du territoire, car elles devaient représenter leur mouvement à la Rencontre de solidarité (la seule en France, à notre connaissance) que nos camarades de l’association, Le Manifeste des libertés de Tewfik et Brigitte Allal, avait organisée en leur faveur le 19 octobre dernier, à Paris.
Le MALI a rendu public coup sur coup deux communiqués exigeant la relâche de leurs camarades en condamnant leur « lynchage » par la presse, par le pouvoir politique et par les théologiens musulmans marocains.
Il ne s’agissait nullement, selon ces communiqués, de faire de la « provocation » à travers ce déjeuner « symbolique », mais de revendiquer l’abrogation du liberticide article 222 du code pénal de leur pays. Ils estiment que son contenu est attentatoire aux libertés individuelles et collectives, et en opposition à la Déclaration universelle des droits de l’homme et au Pacte international du 16 décembre 1966, relatifs aux droits civiques et politiques, ratifiés par l’État marocain.
Ils demeurent convaincus que leurs camarades n’avaient donc en rien « attenté à l’ordre public », mais seulement exercé leurs libertés individuelles.
Ils précisent de plus que leur mouvement n’est pas un groupe « anti-islam », comme leurs détracteurs les avaient calomnieusement présentés à l’opinion publique, alors qu’ils sont pour la liberté de culte.
L’Association marocaine des droits de l’homme et l’ASDHOM avait exprimé leur solidarité avec ces militants et dénoncé l’ « incitation implicite à la violence » par l’agence de presse officielle, et par certains organes d’information : ce qui « constitue une menace réelle » pour l’intégrité physique de ces jeunes gens. Elles ont également condamné les « menaces et harcèlement », dont ces derniers sont victimes de la part du pouvoir.
Le MALI a été crée à partir d’un débat sur Facebook, quelques semaines auparavant, autour de la liberté de jeûner ou non au Maroc pendant le ramadan. Suite à cette mobilisation un pique-nique avait été prévu pour le 13 septembre dans la forêt de la ville de Mohammadia.