Fodé Sylla, membre du Conseil économique et social, fut l’ultime intervenant au meeting, organisé sur Durban II, le 7 mai dernier à Paris, par le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme (M.P.C.T). L’intéressé a d’abord fait part de l’amertume avec laquelle ses camarades antiracistes et lui-même étaient revenus de la Conférence mondiale contre le racisme, qui s’était tenue, en août 2001, à Durban, en Afrique du Sud. Une conférence qui a été, selon lui, émaillée d’antisémitisme, ainsi que de violences verbales et parfois physiques à l’encontre de participants, du seul fait qu’ils étaient juifs.
Ses camarades et lui durent, a-t-il ajouté, essuyer également le reproche des uns de n’avoir « pas su » défendre les idéaux antiracistes, et des autres, celui de « dénigrer » une rencontre internationale autour d’un thème aussi « noble » que l’antiracisme, alors qu’ils n’avaient fait que rapporter fidèlement les graves incidents qui avaient eu lieu.
Il est tout aussi amère aujourd’hui des résultats de la Conférence, dite Durban II. C’est ainsi qu’il a porté à la connaissance du public le refus des hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay de tenir compte, au cours d’une rencontre officieuse avec eux, des mises en garde réitérées que Malka Marcovich et lui-même…. leur avaient adressées sur l’inanité pour la France de participer à une telle conférence, tant les résultats désastreux de cette dernière étaient prévisibles.
Mais leurs interlocuteurs passèrent outre, car ils étaient « persuadés que c’était une question de communication », comme ils leur avaient répondu. Et qu’ils étaient de ce fait « persuadés qu’ils allaient gagner ». « Comme si, a-t-il ajouté, les présidents iranien ou libyen ne savent pas communiquer ; et qu’ils étaient encore au temps du télégraphe. »
Car, pour l’intervenant, la conférence en question fut un «énorme gâchis ». Sinon, comment peut-on qualifier des assises où les ONG des minorités avaient été « privées de parole face aux gouvernements qui les oppriment, et qui s’exprimaient librement » ; des assises où les pays démocratiques acceptent de ne pas évoquer les «droits bafoués des minorités ethniques, nationales, sexuelles ; et où les États-Unis d’Amérique refusent qu’on pose le problème de la réparation de 350 ans d’esclavage d’hommes et de femmes ». Car le « problème de l’identification des bénéficiaires d’éventuelles indemnisations ne doit pas, selon lui, constituer un obstacle insurmontable. Pourquoi, a-t-il proposé, ne pas financer, avec les montants alloués, des associations travaillant à la prévention des conflits en Afrique, à la réinsertion des enfants-soldats… ? »
Fodé Sylla n’est pas non plus, comme il l’a précisé, du genre à se taire sur les méfaits du colonialisme ou de la question du peuple palestinien. Mais, de grâce, qu’on ne lui dise surtout pas que le président iranien, Ahmadinedjad, a défendu les Palestiniens dans le discours que celui-ci avait prononcé au cours de cette conférence. Ce n’est pas, selon lui, en « insultant d’autres peuples » qu’on parviendra à défendre le mieux les intérêts des Palestiniens. Ce discours n’est pour lui rien moins que de la démagogie électoraliste, que ce président avait fait sur le dos de ce peuple.
Il a conclu son intervention en proposant la publication d’un document contenant les revendications relatives aux droits humains, qui n’avaient pu aboutir à Durban II. Ce document constituera en même temps une sorte d’hommage aux combattants pour ces droits à travers le monde.
Cet article fait suite au « Meeting du 7 mai 2009, à Paris, sur les résultats de Durban II » ainsi qu’à « Malka Marcovich : Il n’y a pas de quoi pavoiser », présent dans ce numéro de ReSPUBLICA.