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« Nous sommes au bord du gouffre, avançons donc avec résolution ! »

Cette formule, attribuée à Sully Prudhomme, serait-elle plus juste aujourd’hui que le « Tout va très bien, madame la Marquise, tout va très bien… » que nous entendions il y a encore quelques semaines ? Qu’en est-­il aujourd’hui, 70 ans après la signature des accords financiers de Bretton Woods ?
En fait, les néolibéraux mènent une excellente politique… pour l’oligarchie. A court terme, ils ont réussi à contrer la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Mais pour combien de temps encore ?
Au deuxième trimestre, le PIB des première et troisième économies européennes (l’Allemagne et l’Italie) recule de 0,2 % et la seconde (la France) est en stagnation. Les politiques de dévaluation internes (baisse des salaires globaux due aux politiques d’austérité) nous mènent tout droit à la déflation. Au Portugal, l’empire économique de la deuxième banque du pays, la Banco Espirito Santo (un nom qui ne s’invente pas !) est en banqueroute ; il ne sera pas renflouée par l’Esprit saint mais par l’argent public qui n’ira donc pas aux services publics ! D’où le Conseil européen extraordinaire du 30 août. Y aurait­-il le feu au lac ?

Deux choses vont donc augmenter : le chômage et la dette publique. Fini l’inversion de la courbe du chômage de François Hollande : la dette publique à 100 % du PIB français, c’est pour bientôt. Au sein du capitalisme, une seule solution est prônée par les fédéralistes : l’intensification des politiques néolibérales et un nouveau recul de la démocratie. D’autres croient encore à une relance néo­keynésienne mais dans ce cas, à court terme, les profits vont baisser : qu’en pense l’oligarchie qui a tous les pouvoirs ? D’autres encore crient à l’euro trop fort alors que la zone euro des 18 pays a 200 milliards d’excédents extérieurs et qu’une baisse de l’euro augmenterait ces excédents et donc la guerre économique intra-­impérialiste.

Par ailleurs, il est à noter que les économies hors de la zone euro s’en sortent mieux à court terme : les Etats-Unis (EU) et la Grande-­Bretagne (cette dernière va bientôt ravir la 5e place au niveau du PIB à la France qui devenant la 6e : un recul historique programmé par ses « élites » depuis la Présidence Pompidou). Quant aux EU, leur PIB dépassera leur niveau d’avant la crise de 2007­-2008 contrairement à la zone euro. Alors qu’ils avaient 3,6 millions d’emplois en moins que la zone euro, ils en ont aujourd’hui 2,4 millions de plus. Cela ne les sort pas d’affaire pour autant mais cela montre que la zone euro est un carcan invalidant supplémentaire.

Comme l’ensemble des économies capitalistes développées (dont l’UE et les Etats-­Unis) font marcher la planche à billets de leurs banques centrales comme jamais au profit des banques et des institutions financières, les bulles spéculatives sont en train de se développer comme avant la crise de 2007-­2008, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Ajoutons à ce constat, que l’indice des prix de l’INSEE est un indice trompeur (le logement ne compte que pour 7 % dans l’indice !) et qu’en fait, les coûts contraints pour la majorité du peuple ont augmenté alors que les coûts des achats totaux des catégories plus favorisées ont diminué. C’est donc la double peine. Non seulement, nous entrons en déflation mais cela charge plus durement la majorité du peuple que les plus favorisés.

Sur le plan international, les guerres intra-­impérialistes se développent. La préparation de l’intensification encore plus forte des politiques d’austérité est en cours. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) viennent de constituer une banque de développement qui a pour fonction de concurrencer le FMI et la Banque mondiale.

Les partenariats transatlantique et transpacifique pour le commerce et l’investissement (PTCI) ainsi que l’accord sur le commerce et les services (ACS) sont en cours de discussion avec un mandat de négociation peu imaginable par le grand public (remplacement de la justice publique par des tribunaux d’arbitrage privés, diminution des normes protectrices de toutes natures, accélération de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes, etc.).

De la Libye à l’Irak, les firmes multinationales ont voulu prendre le contrôle des sources d’énergie sous prétexte de « droits de l’homme » et ont en fait laissé ces pays en proie à des guerres civiles internes atroces entre intégrismes religieux, intégrismes soutenus par des alliés des puissances impérialistes occidentales. Au Proche­-Orient, les impérialistes occidentaux continuent de favoriser la politique de colonisation du gouvernement d’extrême droite d’Israël.

Avec ce constat de fin de cycle à l’échelle de l’histoire qui appelle à développer les luttes sociales, culturelles et politiques, mais aussi à se mettre à penser à un nouveau modèle politique, social et culturel, et tenant compte du fait que l’Autre gauche n’est pas encore à la hauteur des enjeux (voir les chroniques d’Evariste depuis le 25 mai 2014), plus que jamais, nous devons développer l’éducation populaire (1)Contacter pour ReSPUBLICA evariste@gaucherepublicaine.org ou le Réseau Education Populaire, centre de ressources effectuant 300 initiatives par an contact@reseaueducationpopulaire.info et ses pratiques d’instruction et de co­éducation en vue de travailler à la conscientisation, l’émancipation et surtout au développement de la puissance d’agir des salariés et des citoyens.

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