On observe fréquemment l’emploi à tort comme synonymes, des termes féminine et féministe. Ce sont pourtant deux notions différentes, car l’une n’implique pas forcément l’autre, et inversement.
L’épithète «féminine » concerne exclusivement le genre humain, en l’occurrence féminin, composant une organisation, mais aussi une section d’un parti, d’une armée, d’une entreprise, etc. En revanche, l’épithète « féministe » renvoie aux idéaux de modernité, ayant trait à l’égalité totale en droit et en dignité entre les hommes et les femmes.
Aussi, une organisation féminine peut ne pas être féministe, et peut même être antiféministe, comme il existe chez les Evangélistes, les Juifs ultra-orthodoxes, les islamistes… Inversement, une organisation peut parfaitement (du moins dans l’absolu) ne pas être féminine, mais mériter largement le qualificatif de féministe, si ses adhérents consacrent l’essentiel de leurs actions à la lutte pour l’égalité totale entre les sexes.
Il arrive toutefois que des féministes prennent des positions antiféministes, comme on l’a constaté, lors par exemple de la bataille, de 2003-2004, en France ; bataille relative à la défense du caractère laïque de l’Ecole publique, par le refus du port du voile islamiste en son sein. Ces féministes avaient pris fait et cause pour les intégristes musulmans, qui voulaient manipuler l’islam à cette fin, au grand dam de la grande majorité des musulmans, et surtout des musulmanes de France.
Pour autant, ces positions antiféministes font-elles des intéressées des antiféministes ? Non ! Le Nouveau parti anticapitaliste, de tendance trotskiste, mais aux positions pro-islamistes notoires, se trouve dans la même situation. A-t-il cessé d’être de gauche ? Assurément, non !
Il en est de même, mais en sens inverse, de quelques rares associations –féminines- islamistes en France, en Occident et dans quelques pays musulmans. Ces associations avancent un certain nombre de revendications effectivement féministes.
C’est ainsi qu’elles affirment qu’elles partent de leur corpus théologique musulman, afin de déboucher sur une conception universaliste de la défense des droits des femmes. Ceci par le biais d’une relecture non machiste de l’islam. Autrement dit, leur substitution progressive d’une interprétation égalitaire de l’islam entre croyante et croyant, à un islam fait par les hommes (musulmans) et pour les hommes (musulmans).
Pour autant, ces revendications et proclamations font-elles de celles-ci des organisations féministes ? Non ! Car leur discours et surtout leur pratique politiques demeurent, malgré tout, à prédominance antiféministe. D’abord, par leur dénigrement systématique des féministes universalistes, auxquels elles doivent pourtant une partie de leurs droits, ainsi que des valeurs de la modernité, qu’elles assimilent par ignorance à l’Occidenlisme. Elles sont confortées en cela par certaines féministes européennes et Nord américaines, inféodées aux islamistes, quand il s’agit d’islam.
On ne les entend guère non plus prendre la défense des musulmanes opprimées en France et à travers le monde.
Encore récemment, on les a vues s’opposer à une loi interdisant le hidjab intégral, voile qu’elles reconnaissent qu’il n’a rien d’islamique. Ou bien leur silence coupable devant la condamnation à mort par le régime théocratique iranien de Madame Sakineh Mohammadi Ashtiani, par la méthode barbare de la lapidation, conformément à la « chari’a ».
Elles sont en revanche actionnées, comme des marionnettes, par les hommes islamistes, pour faire la promotion ou tenter d’imposer au nom de l’islam des revendications attentatoires à certains droits des musulmanes, tant leurs consciences sont encore aliénées aux intégristes musulmans.
Seront-elles un jour des organisations authentiquement féministes ? Possible ! Si elles parviennent à se délester complètement de leurs autres interprétations machistes de l’islam ; et à s’émanciper de leur chaperonnage politique, idéologique et intellectuel par les partis intégristes, comme ont réussi à le faire la majorité des chrétiennes du mouvement du christianisme social.
Il faudrait pour cela que s’aiguisent davantage les contradictions au sein même de la mouvance islamiste, comme c’est prévisible, grâce entre autres à l’irrésistible ascension des femmes dans toutes les sphères des sociétés musulmanes et d’Occident.
C’est une tendance lourde qui se dessine d’ores et déjà, et à laquelle nous devons, en tant que féministes et progressistes, y prêter attention.