La semaine écoulée a été riche en décisions de la part des appareils politiques en prévision des élections régionales de 2010.
La plus attendue était bien entendu celle du PCF. Son Conseil national a très largement validé l’offre politique nationale (80%) qui lui était proposée, actant le principe de refus d’alliance au premier tour avec le PS. Le numéro deux du PCF, Pierre Laurent, qui avait suggéré en début de semaine dernière de renoncer à une orientation nationale et de laisser les communistes décider région par région, est bon pour manger son chapeau.
Pour autant, la décision finale de partir sur des listes autonomes du PS sera prise in fine dans chaque région, et comme dans nombre d’entre elles les élus communistes sortants ont comme ligne politique de conserver leur siège et ont déjà entamé des négociations avec le PS, il faut s’attendre à ce que l’orientation nationale soit rejetée par plusieurs des conférences régionales qui auront lieu les 7 et 14 novembre.
La dynamique du Front de gauche peut donc se poursuivre et Jean-Luc Mélenchon a été le premier à s’en réjouir. Mais l’élargissement du Front de gauche paraît, lui, bien compromis étant donné le refus du NPA de participer à tout exécutif avec le PS et la crispation des rapports entre le PCF et le NPA. Or, le NPA déploie tous ses efforts pour présenter des listes communes avec la FASE et les Alternatifs.
Le week-end a donc permis une clarification de la stratégie de la gauche de gauche : autonomie du PS et d’Europe-écologie au premier tour, rassemblement sur la base d’accords préalables sur le projet de la gauche et des écologistes au second tour pour battre la droite, et refus de toute alliance avec l’opposition de droite incarnée par le MODEM. Mais la « clarification » du week-end dernier pourrait accoucher d’une situation confuse et peu lisible pour les électeurs avec, dans certaines régions, des listes Front de gauche comprenant le PCF, le PG et la GU opposées au premier tour au PS, et dans d’autres régions des listes Front de gauche comprenant le PG, la GU et peut-être le NPA, la FASE et les Alternatifs opposées au premier tour à des listes PS/PCF…
Parions que cette situation offrira au moins l’opportunité de démontrer que le rassemblement au premier tour sur la base d’un projet de rupture avec le social-libéralisme et le néolibéralisme est plus efficace pour mettre en application une vraie politique de gauche pour le peuple que les alliances électoralistes de premier tour.
Ces derniers jours ont vu la défaite de ceux qui voulaient profiter de la difficulté à définir une stratégie qui permette aux électeurs de bien identifier les différentes « offres » politiques à gauche pour tenter d’imposer leur fantasmes confusionnels de mariage de la carpe et du lapin : Cohn-Bendit, Vincent Peillon, Manuel Valls, Corinne Lepage, Stéphane Gatignon et Robert Hue peuvent aller se rhabiller, ou se préparer à changer de veste pour certains d’entre eux, la mode du débauchage lancé par Sarkozy ayant fait des émules, particulièrement à Europe-écologie.
Si l’essentiel de la stratégie est maintenant arrêté, le plus important reste à entreprendre : définir le programme de rupture qui sera soumis aux électeurs et qui devra reconquérir l’électorat populaire en répondant à ses attentes. Et du fait de l’importance croissante des politiques régionales dans notre quotidien, ce ne sera pas une mince affaire. Comme les élections régionales sont les dernières à se dérouler sur l’ensemble du territoire avant 2012, elles sont une occasion unique, alors que nous sommes à mi-mandat présidentiel, de montrer au peuple qu’une alternative à la politique néo-libérale du gouvernement est possible. Car pendant ce temps, le pouvoir sarkozyste poursuit consciencieusement ses basses œuvres aux profit de la caste des riches, tout en lançant des leurres comme l’annonce du débat sur l’identité nationale. Comme un symbole en cette période de crise qui frappe tous les jours plus durement les couches populaires, le bouclier fiscal en est sorti intact de la discussion en première lecture du projet de Loi de finance à l’Assemblée nationale.