À plusieurs reprises, ReSPUBLICA avait informé ses lecteurs des aventures connues par l’artiste Philippe Pissier qui s’était vu traîné en justice pour avoir posté trois cartes postales dans une boite aux lettres. Les cartes postales comportaient des bustes féminins ayant des pinces à linge sur les tétons.
Le receveur des Postes et le Parquet avaient estimé que ces cartes postales pouvaient choquer des mineurs. L’enquête de Gendarmerie diligentée par la Procureure de Cahors était visiblement destinée à charger l’artiste afin qu’il sorte du procès avec une quelconque condamnation même minime.
C’est ce que Philippe Pissier indique sur son site sur lequel il poste un passionnant résumé de l’affaire.
L’affaire a finalement abouti à la relaxe totale de l’artiste qui n’a cependant pas dit son dernier mot puisqu’il a décidé d’attaquer les enquêteurs à charge qu’il eut sur le dos.
Que restera-t-il de ce dossier ?
Premièrement un gros ratage culturel et économique. L’arrestation et la garde à vue de Philippe Pissier pour cette infime affaire se firent à quelques jours du lancement d’un festival international de l’art postal à Castelnau-Montratier dont il était le maitre d’oeuvre.
La dynamique fut enrayée et il faut bien du courage à Pissier et ses amis pour relancer encore cette année ce festival qui aurait aujourd’hui une dimension supérieure si l’ordre moral n’avait tenté d’y mettre un frein.
Mais le principal enseignement de l’aventure de Pissier et de ses trois cartes postales est la tentative de l’État représenté par son parquet de créer un art officiel contingenté et aussi de dicter le cadre des bonnes moeurs. À suivre les Torquemada de la nouvelle inquisition, trois pinces à linge sur un sein sont une perversion diabolique alors même que pullulent chez tous les marchands de cartes postales de France et de Navarre des photos dégradantes dites cartes de plages ou de vacances.
Il est étonnant aussi que le bondage d’origine japonaise qui consiste à entraver esthétiquement un corps trouve des subventions pour s’exposer dans nombre de musées, les petits collages de Pissier sur ce thème reçoivent encore aujourd’hui des cris d’indignations.
Enfin si cet été vous passez par Castelnau-Montratier, n’hésitez à aller interpeller l’artiste. Il ne manque ni de rhétoriques, ni de talents poétiques. Et si vous voulez jauger de la normalité et de l’équilibre psychologique d’un modèle de ses photographies, rendez-vous dans une des principales brasseries de la ville. Vous y trouverez une de ses anciennes compagnes ayant d’ailleurs témoigné pour lui lors du procès qui tient aujourd’hui, avec son mari, l’établissement !
Philippe Pissier est libre, Castelnau-Montratier aussi. Qu’il est bon de trouver des endroits où soufflent un peu d’insouciance, de créativité et de convivialité !