Après des réflexions préalables à la discussion de la loi publiées dans ReSspublica – non sans réserves d’une partie de la Rédaction – relatives à la pénalisation des clients, le législateur a tranché et nous souhaitions mentionner sous forme de courtes citations l’article de Esther Jeffreys et Huarya Llanque (Attac) ainsi que de Christiane Marty (Fondation Copernic) intitulé » Prostitution : n’occultons pas l’essentiel » (publié dans Politis le 28 novembre 2013, sous copyright) :
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Les auteures concluent que si la loi a le mérite de supprimer le délit de racolage et de réaffirmer la volonté abolitionniste du pays, il ne faut pas s’attendre à un effet magique compte tenu de la nécessité d’éradiquer la traite « pour agir au niveau européen pour une véritable politique d’accueil des migrant(e)s, pour la suppression des paradis fiscaux, etc. »
Au prix d’une véritable remise en cause des idées acquises, il faut souhaiter que la prise en compte du marché maffieux développé depuis une trentaine d’années en Occident progresse dans les esprits et ait définitivement raison de la vision traditionnelle sinon folklorique de la prostitution de jadis. (1)A cet égard, l »analyse de Lilian Mathieu dans les Actes de la recherche en sciences sociales (n°198, juin 2013) – ne se satisfait pas de l’imputation des méfaits à la seule traite et, se basant sur les nuisances attribuées au racolage visible – conclut à une « lecture individualisante, rapportant la conduite de de personnages singuliers (proxénètes, clients) responsables de leurs actes et qu’il est dès lors du devoir de l’Etat de punir » mais pointe qu’il conviendrait davantage d’y voir le « jeu de facteurs structurels tels qu’une féminisation de la pauvreté et des migrations ». Il faut surtout souhaiter que les moyens répressifs soient accompagnés de la mise en place des moyens d’investigation (et de coopération internationale) nécessaires du côté des forces de police d’une part, des moyens de choix d’une autre mode de vie pour les intéressé(e)s par les services sociaux d’autre part.
La pénalisation du client dont j’ai tenté avec Emmanuelle Barbaras de fonder la justification à l’occasion d’un précédent texte, n’est à cet égard que l’un des moyens d’action dont il faudra évaluer l’efficacité mais dont on remarquera qu’il a été fortement repris par des catégories jeunes (voir http.les jeunespourlabolition.fr ou http://effrontees.wordpress.com) et de nouveaux mouvements masculins anti-machisme.
Notes de bas de page
↑1 | A cet égard, l »analyse de Lilian Mathieu dans les Actes de la recherche en sciences sociales (n°198, juin 2013) – ne se satisfait pas de l’imputation des méfaits à la seule traite et, se basant sur les nuisances attribuées au racolage visible – conclut à une « lecture individualisante, rapportant la conduite de de personnages singuliers (proxénètes, clients) responsables de leurs actes et qu’il est dès lors du devoir de l’Etat de punir » mais pointe qu’il conviendrait davantage d’y voir le « jeu de facteurs structurels tels qu’une féminisation de la pauvreté et des migrations ». |
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