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Que penser des Universités d’été 2012 ?

La plupart des organisations viennent de tenir leurs universités d’été. Peut-on en tirer un bilan provisoire ? Quel est le rôle de ces universités d’été ? Autrement dit, est-ce que ces universités d’été travaillent sur les conditions de l’alternative culturelle, sociale et politique ?

Nous y avions au moins un correspondant par université d’été et nous leur avons demandé la caractéristique principale du rassemblement qu’ils ont vécu.

La remarque générale est qu’il y a de plus en plus de monde dans ces universités d’été.

On peut donc dire que ces universités d’été vont perdurer. Les participants aux universités d’été des Verts, des socialistes, du PC, du PG, du Front de Gauche, d’ATTAC ont déjà décidé d’y être l’année prochaine.

On pourrait rajouter à ces euphories, la future fête de l’Humanité — la plus importante fête populaire de l’année — qui aura lieu dans plus de 15 jours. Le fait de drainer autant de militants et de responsables d’organisations montre que le besoin de se rassembler ne faiblit pas. L’utilité des universités d’été est de ce fait évidente. On peut même dire que globalement, le nombre de personnes présentes aux universités d’été augmentent. Mais ce n’est pas vrai, organisation par organisation. Par exemple, le fort accroissement de la participation des universités du Front de Gauche se fait au détriment de celle d’ATTAC qui ne progresse plus en terme de participation (1)et qui baisse en terme d’adhérents : 8000 aujourd’hui au lieu de 30.000 en 2005. Comme cela se passait en même temps, on a pu voir beaucoup d’anciens responsables ou de personnalités d’ATTAC préférer cette année les Estivales du Front de Gauche plutôt que celles d’ATTAC (Bernard Cassen, Christophe Ventura, Pierre Khalfa, Michel Husson, etc.).

À tout seigneur tout honneur, l’université d’été du parti dominant du pouvoir politique, le Parti socialiste, ne ressemblait pas aux précédentes sessions. Ou plutôt, disons que les caractéristiques des précédentes universités d’été du Parti socialiste ont été portées au paroxysme. Pour la première fois de son histoire, ce parti possède le président de la République, le Premier ministre, la majorité du gouvernement, de l’Assemblée nationale, du Sénat, des régions, des départements et des grandes villes. En fait, il se voyait comme le nez au milieu de la figure, qu’il y avait au moins deux universités d’été à La Rochelle, le in et le off. Mais contrairement au festival d’Avignon, c’est le off qui a été le plus médiatisé et on avait l’impression que le in n’était là que pour masquer le off des « élites socialistes ». Le in, c’est la partie officielle avec ses ateliers, stands et meetings. Le off, ce sont les conciliabules et les rencontres de cette « élite socialiste ». Bien évidemment, c’est cette partie qui vampirise l’ensemble de la presse médiatique people (ou pas d’ailleurs) ! Il suffisait de se promener dans les bars et restaurants ou dans les locaux des différentes collectivités locales au moment des ateliers du in pour s’en convaincre. Succession de Martine Aubry, nomination à différents postes, tentatives d’anticipation des rapports de force futurs au sein du PS, etc. étaient à l’ordre du jour des multiples conciliabules du off entre x, y et autres z. Le off venait quand même se promener dans les allées du in pour faire leurs activités clientélistes et les participants du in passaient leur temps à s’ébrouer à propos des petites phrases déformées ou des rumeurs en provenance du off. On en oublierait presque qu’il y avait dans le in des ateliers avec des thèmes. Pour le reste des informations secondaires et le people, veuillez vous référer aux grands médias de « référence ».

Pour Europe Écologie les Verts (EELV), la marche forcée vers la satellisation autour du PS était aux postes de commande. Il y avait des airs d’anciens rassemblements du PRG, du MRC, du MUP dans cette université d’été. Une minorité de militants intervenait comme si EELV pouvait être un vecteur de propositions pour influencer le PS ou pour faire changer le PS de l’extérieur ou encore pour dire qu’ils sont d’accord avec le Front de Gauche pour s’opposer au Traité pour la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG) (2)qui sera largement voté par l’alliance conjoncturelle entre l’UMP et le PS. Mais la garde néolibérale veille : Daniel Cohn-Bendit et Cécile Duflot chacun dans ses spécificités contingentes, sonne le rassemblement majoritaire autour de la satellisation autour du PS.

Pour le Front de Gauche et ses Estivales, on a vu une fois encore que sa capacité à une densité forte de rassemblement des militants reste une constante. Plus de monde que l’année dernière. Même chose pour la participation des militants dans les ateliers où beaucoup faisaient salle comble dans les salles de cours de l’université Stendhal de Saint-Martin-d’Hères en Isère. Même si « la grande presse de référence » n’a vu que l’intervention par téléphone de Julian Assange, reclus dans l’ambassade d’Équateur à Londres lors du meeting du vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon a utilisé le mode de l’interpellation à Jean-Marc Ayrault et a copié Hugo Chavez en faisant applaudir dans son meeting des combattants exemplaires de la période comme Gabriel Amard dans sa lutte pour le retour au public des biens communs comme l’eau, une syndicaliste de Fralib, un autre de Seafrance, etc. rendant ainsi son meeting punchy. La question souvent entendue, mais peu traitée était néanmoins la suivante :  » Est-ce que le Front de Gauche et ses organisations constitutives seront dans les deux ans qui viennent à la hauteur des espérances du vote Mélenchon de la présidentielle ». Quant au meeting de dimanche, il a été clair sur l’objectif de rentrée : ce sera la grande manifestation de la fin septembre contre le TSCG.
Concernant ATTAC, son université d’été fut à l’image de sa décrue de ses adhérents ces dernières années, les propos d’une participante semblaient résumer la réalité : « c’est plus comme avant » ! Malgré cela, ATTAC participera néanmoins avec détermination à la bataille contre le TSCG en promettant une « guerre éclair » et continue son travail sur la nécessité de constituer des « biens publics communs ».

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Notes de bas de page
1 et qui baisse en terme d’adhérents : 8000 aujourd’hui au lieu de 30.000 en 2005
2 qui sera largement voté par l’alliance conjoncturelle entre l’UMP et le PS
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