Je pense que des précisions s’imposent à l’attention de Pierre Cassen et de certains de ses amis de « Riposte Laïque » qui font les vierges effarouchées depuis ma prise de position contre certains de leurs textes nauséabonds.
Inutile de tourner autour du pot et d’essayer de couper un cheveu en quatre. Si cela doit vous rassurer (ou pas), mes convictions laïques et républicaines restent intactes. Mes engagements contre l’extrémisme musulman et contre tous les extrémismes (religieux ou pas) demeurent fidèles à la ligne qui a toujours été la mienne. Et je le dis avec un brin d’ironie, on ne devient pas un adepte de la pensée salafiste parce qu’on critique « Riposte Laïque » sinon il y aurait beaucoup plus d’islamistes en France tant ce site dégoûte de plus en plus de républicains et de féministes. Épargnez-moi donc vos cries d’orfraies et vos supplications laïques, je ne me suis trouvé encore une vocation de religieux intégriste.
Je suis sincèrement désolé pour vous, mais une critique, même virulente, contre « Riposte Laïque » ne vaut pas à son auteur une excommunication de la « communauté des défenseurs de la laïcité » car détrompez-vous, vous n’êtes ni les Papes de la laïcité ni un modèle en la matière. Vous ne détenez ni vous ni personne le monopole de la défense de la laïcité. Il aurait été préférable, au lieu de choisir l’aveuglement, de vous adonner, avec humilité, à une autocritique de l’article raciste que vous avez publié sous la signature de Lucette Jeanpierre (c’est bien toi Pierre ou je me trompe ?) et qui n’était pas autre chose qu’un texte qu’aurait signé avec les dix doigts, les deux mains et les dix orteils un lepéniste historique.
Pourquoi affirmé-je une telle chose ? Appréciez vous-même, ce que vous écrivez pour les uns et ce que vous cautionnez pour les autres : « je trouve dramatique pour le voisinage qui n’est pas musulman de devoir subir, la nuit, pendant un mois, la vie nocturne souvent bruyante de voisins qui se rattrapent des frustrations quotidiennes ».
Ainsi, si je comprends bien, tous les musulmans qui pratiquent le Ramadan font vivre à leur voisinage une situation « dramatique » ? Cela ne veut-il pas dire autre chose que les musulmans, tous les musulmans qui respectent le jeûne, manqueraient de civisme ? Qu’est-ce qui permet d’apporter un tel jugement globalisant ainsi, tous ceux qui pratiquent le Ramadan, les stigmatisant pour les traiter d’êtres inciviques ? Avez-vous un, cinq, cent, mille, dix mille témoignages ? Quand bien même, cela vous autoriserait-il, pour autant, d’avancer une sentence aussi peu subtile et si peu crédible ? Quand on part d’une supposition pour construire un raisonnement orienté, c’est tout simplement dans un but d’ostraciser une catégorie de personnes. Et pour vous, cela n’est pas raciste ?
Vous prétendez que je m’insurge contre la critique de la religion. Que Nenni ! Il est faux et malhonnête d’affirmer une telle chose puisque je suis de ceux qui se battent pour que les dogmes, les religions, les croyances pour que tous les Dieux et tous les Saints et avec eux tous les Bouddhas soient critiqués. Alors de grâce, ne cherchez pas à détourner le sujet de la discorde et de noyez le poisson dans l’eau. J’ai remarqué que dans toutes les réponses que vous avez sollicitées, personne n’a daigné apporter une clarification à propos du texte – et surtout des passages – que je dénonce. Vous vous dérobez en essayant de salir les gens ou de jeter désormais le doute sur leurs convictions républicaines. Quel courage ! Vous agissez exactement comme tous les extrémistes : vous avez la diabolisation facile. Normal, quand on vient de l’extrême gauche, on garde certaines habitudes. J’ai vu les réactions de certains de vos défenseurs. C’est presque si on me transformait en un affreux islamiste. Comme vous n’êtes pas à une contradiction près, je peux devenir chez vous « un allié des islamistes », un « journaliste controversé », et ce, après avoir été le « journaliste courageux » et le « musulman éclairé ». Je connais ce type de pensées staliniennes.
Mais pensez-vous vraiment que cela me touche ? Pas du tout ! Vous me confortez dans mes choix et dans mes convictions et vous voir utiliser aujourd’hui, pour m’attaquer, les mêmes arguments (au demeurant très fragiles) que ceux usités par l’extrême droite, les dieudonnistes et les islamistes ou quelques délinquants sur lesquels j’ai enquêté, ne me surprend guère. Vous exactement à l’image que beaucoup se font de vous !
Je suis « controversé » oui ! Parce que contrairement aux sectaires que vous êtes, et je parle ici de Pierre Cassen, je ne cherche pas à faire l’unanimité, je veux être cohérent et fidèle à mes principes. Et parmi ceux-là, il y a les principes antiracistes auxquels je ne dérogerai jamais.
Dans cet article, je le répète, vous n’avez pas critiqué le Ramadan. Une telle chose m’importe peu, voire pas du tout et n’aurait suscité de ma part aucune, je dis bien aucune réaction. Dans ce texte, dis-je, vous diffamez, non pas le culte, mais tous ceux qui pratiquent ce culte en particulier et je trouve malheureux de constater votre incapacité à saisir cette subtilité.
L’autre passage clairement raciste : « Je serai curieuse d’avoir des statistiques sur le nombre de musulmans qui vont aux urgences, ou qui doivent se voir prodigués des soins, dans cette période… J’aimerais d’autre part de connaître les conséquences de la pratique du ramadan pour la Sécurité sociale, les mutuelles et les assurances ». La curiosité est une belle chose lorsqu’elle tend à nourrir l’information et devient un vilain défaut quand elle sous entend des idées puantes. Soyez curieux et allez voir les urgences et rapportez-nous des preuves de ce que vous voulez dire. Que voulez-vous affirmer par une telle phrase ? Que tous ceux qui pratiquent le Ramadan seraient des êtres suicidaires ? Vous êtes libres de le penser même si vous n’avez aucun argument. Parce que vous ignorez peut-être – ou faites-vous semblant d’ignorer – que le Ramadan est interdit aux personnes fragiles, aux femmes enceintes, aux mères qui allaitent, aux enfants, aux personnes âgées et toute personne malade ou étant dans l’incapacité physique ou psychique de le pratiquer. Vous voulez donc, par ignorance avérée ou feinte, faire croire en somme que ces barbares qui respectent leur culte ne sont même pas capables de prendre soin de leur santé. Naturellement votre paternalisme qui n’a d’égal que ces vieux tics qui souhaitent faire bégayer l’histoire de cette partie de la France, si prompte à donner des leçons, vous empêche de raisonner avec lucidité. Mais en réalité – et vous le dites clairement dans cet article raciste – ce qui vous préoccupe le plus, ce sont les prétendues « conséquences de la pratique du ramadan pour la Sécurité sociale, les mutuelles et les assurances ». Et là, évidemment, vous tombez volontairement ou pas, dans le fameux discours frontiste qui laisse dire, à travers des clichés, que les Arabes, aujourd’hui les musulmans pratiquants le Ramadan, ne rapportent rien ou si peu à la société et profitent d’elle. Là aussi, je vous invite à faire un travail d’investigation et allez demander à la Sécurité Sociale ce que lui coûtent ces musulmans qui pratiquent un pilier de leur religion.
Voyez-vous, là non plus, il ne s’agit pas de la critique d’une pratique religieuse mais d’une volonté manifeste de jeter le doute sur des croyants. Et cela, peut-être l’ignorez-vous, ce n’est pas autre chose qu’un discours raciste dissimulé derrière le « combat en faveur de la laïcité ». Je ne citerai pas ce fameux « courrier des lecteurs », souvent rédigés par des beaufs de retour du camping, et certaines de ses dérives que vous vous refusez de condamner. Certains de vos supporteurs devraient à mon sens revoir leurs « positions républicaines » et au lieu de se réclamer du général de Gaulle, ils gagneraient à avouer leur filiation idéologique avec le Maréchal Pétain.
« Le masque est tombé », m’écrira l’un d’eux. Quel masque ? Pourquoi pensiez-vous que j’étais opposé à tous les musulmans ? N’ai-je pas toujours clamé publiquement que j’étais un croyant, mais fervent défenseur de la laïcité ? N’ai-je pas de tout temps affirmé que mon combat était contre les extrémistes qui instrumentalisent l’islam ? M’avez-vous entendu dire un jour que j’étais en croisade contre l’islam et les musulmans ? Que pensiez-vous ? Que j’allasse cautionner tous les dérapages, tous les propos, toutes les aventures, y compris les plus douteuses ? Ne saviez-vous pas que j’ai toujours été contre le racisme et l’antisémitisme ?
Alors oui, naturellement aujourd’hui vous pouvez me mettre dans le même sac que ces musulmans que vous honnissez tant. Parce qu’en réalité, votre combat n’est pas contre les intégristes, mais contre tous les croyants qui se reconnaissent encore dans la religion musulmane. Vous voulez vous construire votre « musulman modèle » selon une image que vous vous êtes créée. Pour vous, le « musulman modéré », et d’ailleurs vous l’écrivez, n’existe pas. Il n’existe que lorsqu’il délaisse l’islam et qu’il fait allégeance à votre discours de petits excités.
Je suis pour la liberté de conscience : un droit républicain, dois-je le rappeler. Et je suis aussi pour que les gens puissent vivre sereinement leur spiritualité, en conformité avec les lois de ce pays et les valeurs universelles, mais sans qu’ils aient à subir les critiques inquisitrices, y compris celles des laïcs. Autant la défense de la laïcité est un combat que je mènerai sans concessions contre ceux qui la mettraient en péril, autant je défendrai les croyants, tous les croyants, contre les excès fous et irresponsables de certains et vous en faites partie. Une République une et indivisible, généreuse et soucieuse de la notion du vivre ensemble doit barrer la route à des discours qui suscitent la haine et le rejet d’où qu’ils viennent.
Une dernière chose tout de même parce qu’il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ni pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il n’y a de pas de haine chez moi et aucun ressentiment, il y a une nécessaire fermeté et une clarification incontournable pour un antiraciste. Alors, au cas où vous auriez de la buée devant votre ordinateur, relisez bien la position que je défends : Critiquez comme bon vous semble la religion musulmane, Mahomet, le Ramadan, l’Aïd, le « mouton dans la baignoire » ou à l’extérieur de celle-ci, le Pèlerinage à La Mecque, les mosquées, la djellaba, et tout ce qui vous passe par la tête et je dénoncerai tous ceux qui se mettraient sur votre chemin. Par contre, à chaque fois que je vous surprendrai cherchant à susciter la haine, la stigmatisation, le rejet des croyants en raison de leurs pratiques religieuses, non contraires aux valeurs laïques et républicaines, vous me trouverez sur votre chemin. Si vous reconnaissez publiquement cette différence qui, je le rappelle, est marquée sur le marbre par les lois républicaines, on fera une sorte de divorce amiable et comme la laïcité ne m’appartient pas plus qu’à vous, chacun emportera avec lui sa vision de la laïcité et on fera en sorte d’éviter respectueusement de se croiser ou de se saluer.