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Quelques réflexions sur la situation du département français de Mayotte        

L’île de Mayotte, ce 101e département français, est sous tension. S’y déroulent quotidiennement des manifestations, contre l’insécurité, l’immigration irrégulière et le manque de moyens pour y remédier. Depuis le 20 février, un collectif de citoyens et une intersyndicale ont déclenché un mouvement social, entré dans sa quatrième semaine. Annick Girardin, ministre de l’Outre-mer s’est rendue dans l’île , et les habitants lui ont dit qu’ils ne veulent pas de « sous-mesures d’urgence », comme ils ont appelé ses annonces.

Les vœux des manifestants sont d’obtenir un plan sur l’avenir et une réponse concernant la lutte contre une délinquance croissante et contre les migrations  clandestines. Vu sa position géographique, la reconnaissance de cette île comme un département français a été le point de départ d’une nouvelle migration des Comoriens. Mettez en balance avec, pour les Comoriens, les avantages donnés aux Mahorais et cela donne un contenu explosif. Et ce ne sont pas les déclarations apaisantes de la ministre de l’Outre-mer qui changeront quoi que ce soit.

Chaque jour ce sont 26 enfants qui naissent dans cette île, c’est-à-dire la totalité des effectifs d’une classe primaire locale. Dans certains endroits afin que tout le monde puisse aller à l’école on voit défiler trois groupes différents, dans la même classe, sur une même journée. Il n’y a jamais eu d’étude sur les besoins en termes de scolarisation et d’éducation. Il y a au moins 1 500 enfants qui ne peuvent pas bénéficier du collège et plusieurs milliers, 3 000 au moins qui ne sont pas du tout scolarisés, y compris en primaire.

À Mayotte, 47 % des résidents sont d’origine étrangère. Une personne sur deux n’y est pas née. L’île doit faire face par contre à 10 000 naissances par an. Mayotte accueille 256 000 habitants, et voit s’installer 50 000 habitants en plus en par an, tandis que 60 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Se perpétue un réel déficit d’équipements scolaires. Mais ce qui a provoqué la révolte, c’est la présence de 2 à 3 000 mineur(e)s exilé(e)s isolé(e)s qui se sont retrouvés abandonné(e)s sur l’île par leurs parents originaires de toutes les îles proches et dont la plus part ont été expulsés. (En guise de comparaison un petit département comme le Tarn, de 384.500 habitants accueille avec beaucoup de difficultés 250 mineurs isolés !)

Ces mineur(e)s, devenus enfants des rues, n’ont pas d’autres solutions pour exister, que de dormir dans la rue, se débrouiller plus ou moins légalement, ce qui provoque souvent des vols, des agressions, et même des meurtres. Ces enfants des rues, exclus de tout système de scolarisation et d’éducation, quand ils voient  les jeunes de leur même classe d’âge passer en bus pour aller à l’école, n’arrêtent pas de les caillasser. Souvent pour se faire un peu d’argent, ils n’hésitent plus à racketter d’autres jeunes devant les collèges ou lycées. Organisés en bande, ils s’aventurent même parfois, à agresser des adultes et souvent les personnes les plus vulnérables. Quand ils se voient refoulés des villes, ils se regroupent en bandes et deviennent des « coupeurs de route ». L’insécurité provoquée par la présence agressive de ces jeunes incontrôlés est donc réelle et permanente.
On a aussi à faire à une traite d’enfants abandonnés, ayant acquis la nationalité française, contre gains financiers. Là-bas les enfants deviennent un marché. Il suffit d’accoucher en France, à Mayotte comme ailleurs en métropole, et la nationalité est acquise pour l’enfant. La mère reste, puis se pose alors le cas la question du regroupement familial. C’est alors  que se déroule une course à l’acquisition d’un statut envié, avec ses corollaires que sont les avantages sociaux et son cortège de difficultés quand ce statut est refusé. La maternité de Mayotte est la première de France avec quelque 10 000 naissances par an, soit deux fois plus que la plus grosse maternité d’Île de France !

L’urgence existe depuis plusieurs années, plusieurs décennies. C’est l’ensemble de la situation et du contexte socio-économique de Mayotte qui aujourd’hui sont mis en situation. Le collectif de citoyens, appuyé par un mouvement syndical, lutte de manière comparable à ce qui se déroule en Guyane, avec le collectif « La Gwiyann dékolé ». La « gouvernance » est en faillite dans cette affaire. La Cour des Comptes, en 2016 dans son rapport « Mayotte 2025 », concluait qu’il y avait un besoin urgent en matière de logement, plus de la moitié de la population vivant dans des cabanes de tôles et de cartons.
Le deuxième enjeu pour Mayotte c’est la certitude d’avoir accès au droit commun, celui attaché au droit du sol. Le gouvernement, lui, réfléchit à un impossible statut d’ « extraterritorialité », mais uniquement pour l’hôpital. L’objectif serait de faire en sorte que les naissances qui interviennent sur l’île ne permettent pas d’obtenir obligatoirement la nationalité française. Les Mahorais eux ne veulent pas apparaître comme des cas particulier soumis à des accords provisoires et limités. Les vraies questions sont : Comment peuvent s’organiser la scolarité, la santé, le logement sur ce territoire français ? Se pose aussi en parallèle le problème des Comores qui freine l’attractivité de Mayotte. La présence excessive et permanente d’étrangers pose, certes, la question du droit du sol. Doit-on adopter pour autant un régime d’extra-territorialisation particulier pour Mayotte, ou du moins de nouvelles règles concernant le droit sanitaire et le droit à une scolarité pour toutes et tous ?

Ce sont ces questions de survie que posent tous les jours, au gouvernement français ceux qui descendent légitimement dans la rue pour manifester.

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