Les retraites
Sur le plan national, l’actualité est au combat contre le projet gouvernemental sur les retraites.
Le mouvement syndical est d’abord divisé, FO ayant lancé seule sa journée de grève interprofessionnelle, sans suite, ce qui aura comme seule conséquence de diviser le mouvement syndical. On ne comprend pas pourquoi avoir choisi une date en dehors des dates de grandes mobilisations des autres syndicats. On sent là le désir de faire une montée parisienne solitaire comme sait les organiser le réseau lambertiste qui contrôle la confédération. Cette stratégie n’a jamais été gagnante, mais le dogme stratégique est toujours là ! Pour la CGT, Solidaires, UNSA, CFDT, FSU, le rendez-vous est posé le 24 juin.
Les collectifs unitaires retraites (regroupant les associations, les mutuelles, les syndicats et les partis politiques) qui ont mis trop de temps à se constituer se sont depuis mis en chantier et des centaines de réunions fleurissent sur ce sujet.
Malheureusement, une partie des opposants au gouvernement utilisent tout ou partie du logiciel de pensée du gouvernement. Ce qui a pour défaut de montrer une cacophonie pas gênante pour s’opposer, mais qui montre bien l’incapacité actuelle de la gauche de changer de paradigme pour construire son discours et proposer une alternative.
Certains opposants déclarent qu’il y a un problème démographique et donc que la réforme est justifiée, mais qu’elle va trop loin. Ceux-là sont dans l’erreur comme ont été dans l’erreur ceux qui ont eu le raisonnement suivant : la baisse du nombre de paysans et l’augmentation du nombre de bouches à nourrir va nous conduire à la famine ! Bien sûr, ce qui compte, c’est la production agricole et sa répartition. Il en est de même pour les retraites : ce qui compte, ce sont les richesses produites et sa répartition. En prenant les chiffres du Conseil d’orientation des retraites (COR), nous sommes aujourd’hui avec une richesse de 100 (pour 190 en 2050) avec 10 actifs pour 6 retraités actuellement (et une répartition de 10 actifs pour 9 retraités en 2050), n’importe quel élève de CM2 sait que 190/19 est supérieur à 100/16 !
D’autre admettent les dogmes, de même nature que l’immaculée conception, à savoir, qu’ il ne faut pas changer la répartition des richesses entre salaires et cotisations d’une part et profits d’autre part (malgré l’écart de 9,3 points de PIB par an soit plus de 180 milliards d’euros en euros 2009). Alors que sans modification de la répartition des richesses, les pensions vont baisser de façon vertigineuse !
D’autres pensent qu’il ne faut pas augmenter les cotisations patronales ce qui est idiot puisqu’elles ont augmenté de 5 à 12,8 % et il serait normal que cela grimpe à 18 % du PIB en 2050 !
D’autres disent, il ne faut pas augmenter les prélèvements obligatoires au-delà de 47 %. Et pourquoi le Danemark est-il à 54 % ?
Mais le plus grave, ce sont ceux qui développent le slogan « défendons la répartition contre la capitalisation ». Slogan très dangereux et faux ! Car le gouvernement s’il veut augmenter la part en capitalisation-privatisation, il veut conserver une majorité des fonds en répartition. Mais il veut une répartition en revenu différé avec neutralité actuarielle ce qui est l’antichambre de la future capitalisation-privatisation. Ce type de répartition maintient les inégalités sociales et même les aggrave (pour les femmes, pour les désocialisés, pour les pauvres, etc.). Et donc ils sont obligés de proposer la charité pour les plus pauvres, pour de plus en plus de femmes, etc.
En fait, la ligne de rupture est la ligne de promotion du principe de solidarité (et non de charité)du salaire (et donc de la pension) socialisé lié à la qualification et non une retraite donné en fonction des emplois et des cotisations fournies. Nous le disons clairement, il ne suffit pas de préférer la méthode dite à « prestations définies » face à celle dite des « cotisations définies » pour sortir du revenu différé comme le fait, Jacques Rigaudiat, ancien conseiller social de Michel Rocard et de Lionel Jospin pour le compte du Parti de gauche. Déjà, opposé au droit à l’accès aux soins de qualité pour tous, il a promu la CMU qui a fait que beaucoup de ceux qui étaient entre le plafond de la CMU et 1,3 fois le SMIC ont choisi le vote FN en 2002 pensant que la gauche les avait abandonnés ! Sous sa férule, la contre-réforme des retraites de Seguin en 1987 n’a pas été abolie par le gouvernement Rocard, les lois Balladur de 1993 n’ont pas été abolies par le gouvernement Jospin !
Heureusement, des centaines de réunions des collectifs unitaires retraites entendent le discours sur la base du salaire socialisé (orateurs UFAL, Bernard Friot et ses amis, etc.) et non du revenu différé avec neutralité actuarielle mâtinée de charité institutionnalisée.
En conclusion, autant il faut soutenir une stratégie à front large autant, il faut une ligne précise et claire de rupture pour marcher sur ses deux jambes : celle des revendications immédiates et celle de préfigurer le dépassement du capitalisme, car seul le projet du salaire socialisé lié à la qualification préfigure un mode de production plus développé et avancé que celui du capitalisme. Nous répondons d’avance à ceux qui disent que nous sommes les plus radicaux sur ce dossier que l’importance du dossier dans la période n’est intelligible et propice à la mobilisation et au rassemblement est à ce prix. La crise économique et financière ne permet pas d’appliquer la méthode des rustines qui est donc démobilisatrice.
Le voile intégral
L’UFAL a eu raison de dire qu’une partie de la gauche est tombée dans le piège de Nicolas Sarkozy, mais ce n’est pas celui que l’on pense.
Nicolas Sarkozy renoue avec un discours qui plait aux couches populaires (ouvriers, employés) majoritaires dans le pays et qui fait partie du combat émancipateur cher à ces couches populaires. Tout simplement par ce qu’il fait l’analyse que ces couches ont quitté principalement son électorat, mais aussi celui de la gauche aux élections régionales pour se réfugier dans l’abstention. On le dit une fois de plus, s’opposer à une mesure émancipatrice plébiscitée par les couches populaires uniquement parce que c’est Nicolas Sarkozy est une impasse pour la gauche !
Le PS a pris une position médiane et nous verrons bien ce qu’ils voteront.
Et voilà le NPA, le PCF, et les députés du Parti de gauche (y a-t-il eu une délibération du Parti de gauche pour cela ?) s’opposer à la loi uniquement pour s’opposer à Nicolas Sarkozy. Ils sont donc tombés dans le piège ! Seul Jean-Luc Mélenchon qui a flairé ce piège s’est déclaré favorable à la loi contre le voile intégral. Nous verrons les votes qui seront effectués au Parlement.
Suite en France de l’agression israélienne contre la flottille humanitaire
L’édito de ce numéro donne la position de la rédaction de RESPUBLICA sur ces faits.
Voyons donc ce qui s’est passé ce 5 juin, date d’appel des manifestations. Quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé contre cette agression.
Et une fois de plus l’ambiguïté de ce type de manifestations est apparue. Alors que les organisateurs souhaitaient une manifestation politique contre l’agression israélienne ce qui était légitime, on a vu les organisations de l’extrême droite islamiste en faire une manifestation identitaire et religieuse. Jean-Luc Mélenchon et ses amis ont eu raison de quitter la manifestation alors qu’il était en tête de cortège au début de la manifestation.
On a même vu une bagarre entre le service d’ordre du NPA et celui de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui voulait s’infiltrer dans le cortège des partis politiques.
Est-ce que l’autre gauche va accepter longtemps ce « partenariat » avec l’extrême droite religieuse ? On se rappelle une manifestation du 8 mars à Paris (à la Place Clichy) sur le droit des femmes où les responsables du Comité national pour le droit des femmes (CNDF) avaient autorisé un cortège de plusieurs centaines de femmes voilées entourées d’une corde tenue par des « barbus » avec les drapeaux de la JCR tenus par les anciens membres de « Socialisme par en bas ». Cela avait provoqué l’année suivante deux manifestations concurrentes le 8 mars et où la manifestation du CNDF avait fait piètre figure !
Dans beaucoup d’endroits en France cette année, des camarades et des organisations locales associatives (notamment des comités du mouvement de la Paix) et syndicales (notamment des structures CGT et FSU) refusent d’apparaître liés à l’extrême droite islamiste dans les manifestations. C’est une bonne tendance que nous voyons poindre ici et là. C’est la condition d’un redémarrage du processus émancipateur.
Toutes les extrêmes droites qu’elles soient religieuses ou politiques doivent être combattues avec la même détermination. Et la promotion des intérêts du peuple palestinien ne peut pas se fondre dans les intérêts de l’extrême droite islamiste. Et sur le Proche-Orient, nous devons soutenir l’Autorité palestinienne et non le Hamas et le Hezbollah.