Il faut s’incliner devant les victimes de la rébellion policière du 30 septembre à Quito, équateur. Nous saluons le courage du Président élu Rafael Correa, qui a défendu la loi votée par le parlement jusque devant les policiers mutinés. Nous saluons le courage des milliers de femmes et d’hommes qui ont affronté la répression policière pour tenter de libérer Rafael Correa.
Par sa gravité et sa préparation, cette rébellion policière n’a pu être jugulée que par les tirs d’une importante intervention militaire d’une demi-heure.
Nous suivons avec attention le parcours de Rafael Correa en Equateur, pays d’Amérique Latine dont les institutions et partis sont proches de ceux que nous connaissons en Europe et plus démocratiques que ceux que nous connaissons en France.
Il faut saluer la force de conviction de Rafael Correa, 47 ans, ministre des finances en 2005-2006 qui a démissionné pour refuser le projet américain de Traité de Libre Commerce (TLC).
Au cours de sa candidature à l’élection présidentielles de décembre 2006, Rafael Correa a porté ce refus du TLC ainsi que l’exigence d’une nouvelle Constitution représentant réellement les intérêts de la majorité des familles populaires équatoriennes.
Au premier tour de cette campagne, il ne fut soutenu que par les représentants des populations indigènes et une partie des organisations syndicales contre une quinzaine de partis se réclamant de programmes voisins de ceux que nous connaissons en Europe.
Néanmoins, il arrive en seconde position et affronte au second tour Alvaro Noboa, le très riche « roi de la banane », pour la troisième fois candidat unique et caricatural de la droite et des intérêts américains.
Les uns après les autres, ses autres concurrents ont du céder à la pression de leurs bases populaires et se désister en faveur de Rafael Correa.
Vainqueur par 57% des voix, Rafael Correa fait élire et réunit une Assemblée constituante qui, après de longs débats entre toutes les tendances représentées, soumet au vote populaire en septembre 2008 un projet de constitution qui détaille les droits les plus concrets des citoyens et peuples de l’Equateur. Il est ensuite réélu au premier tour en 2009, avec 55% des voix.
Il n’est pas sans signification que ce soit après le vote d’un nouveau statut unifié de la fonction publique, que fut déclenchée une rébellion, dont l’apparente spontanéité ne trompe personne.
Il est urgent que chacun médite l’expérience récente des peuples d’Equateur et pour en tirer toutes les leçons constitutionnelles et politiques pouvant s’appliquer à la situation en France.