29 mai 2005 : le Non de gauche fait 31,3% des voix. Bien plus que le Oui de gauche. La possibilité que le Non de gauche puisse passer dans une élection à deux tours devant les tenants du oui de gauche devient donc envisageable. Cela permettrait de créer de la perspective pour une avancée émancipatrice dans le champ politique. Deux possibilités s’ouvrent alors : soit entamer une stratégie à front large dans la gauche de la gauche à partir d’une recomposition de celle-ci soit courir devant l’illusion des comités unitaires anti-libéraux pratiquant le double consensus mortifère qui a l’inconvénient majeur de ne rien pouvoir trancher par la démocratie. C’est ce deuxième choix qui est fait. Le résultat est une bérézina pour la gauche de la gauche.
Interviennent alors deux éléments de recomposition : la création du NPA et la création du Parti de gauche. Puis la stratégie du Front de gauche est mise en mouvement autour du PCF et du Parti de gauche.
Arrivent les européennes. Bien que cette élection ait montré le fossé grandissant entre les couches populaires (ouvriers, employés) majoritaires dans le pays et la gauche dans son ensemble (PS, Europe écologie et gauche de la gauche), les résultats globaux de la gauche de la gauche sont meilleurs qu’à la présidentielle grâce à une petite percée dans les couches moyennes. Mais la confusion s’installe avec le ralliement de José Bové, chantre du non de gauche, aux sociaux-libéraux d’Europe écologie ! Et des communistes soutiennent José Bové contre la candidate des communistes !
On aurait pu croire que les régionales permettraient enfin à la gauche de la gauche de se mettre en action dans les meilleures conditions. Que nenni !
Le NPA choisit l’isolement hors de la stratégie du Front de gauche avec une direction affaiblie représentant un gros tiers des adhérents et donc obligé de composer soit avec ceux qui souhaitaient participer au Front de gauche, soit avec ceux pour qui la stratégie à front large est une trahison par nature (un petit tiers pour chacune des deux tendances). La direction a choisi l’alliance avec ceux qui ne souhaitent aucune alliance dans la gauche de la gauche. Triste conclusion provisoire.
Le PCF, quant à lui, a décidé de se présenter sur trois listes différentes. D’abord parce que le PCF devient un parti qui fédère des partis régionaux qui peuvent choisir des stratégies différentes. Triste décentralisation qui ne permet aucune cohérence d’ensemble. La grande majorité du PCF se présentera sur les listes du Front de gauche. Mais dans au moins cinq régions, le PCF se présentera sur les listes du PS et au moins en Ile-de–France, des élus communistes importants (au moins un maire et un vice-président de conseil général) seront également sur les listes d’Europe écologie. On peut toujours penser que cela procède d’une clarification mais dans ce cas, elle se fait dans une confusion encore plus grande que pour les européennes.
Le Parti de gauche reste entièrement sur la stratégie du Front de gauche mais va sans doute dans les régions ou le PCF va s’allier dès le premier tour avec le PS , se liguer avec d’autres forces y compris le NPA contre les élus communistes au premier tour pour les retrouver ensuite au deuxième tour en cas de dépassement des 5% nécessaires pour cela. Sans parler de la proposition du président du Parti de gauche de faire une alliance privilégiée avec Europe écologie entre les deux tours pour passer devant le PS avant la discussion de deuxième tour !
Bonne chance pour expliquer tout cela aux électeurs !
En fait, c’est toujours le PCF qui donne le “la” de la gauche de la gauche, car aucune autre organisation, y compris le Parti de gauche, n’est en position de peser suffisamment dans la gauche de la gauche. Alors quand le PCF montre le chemin de la confusion, l’image de la gauche de la gauche se brouille.
A ReSPUBLICA, qui a salué la création du Parti de gauche, création que nous jugions nécessaire pour engager la stratégie du Front de gauche, nous ne pouvons que déplorer cette confusion et cette division pour la mobilisation des régionales.
Alors que faire ?
Pour les élections, partout où ce sera possible, nous pensons qu’il faudra voter pour le Front de gauche. Quand ce ne sera pas possible, nous pensons qu’il faudra voter pour une liste du non de gauche.
Mais, cette prise de position n’est pas suffisante pour préparer l’avenir. Nous ne devons pas rester l’arme au pied, en attendant Godot ou de nouvelles incantations ! Nous devons préparer la clarification de la ligne stratégique dans une perspective à front large. Pour cela, nous appelons d’une part à constituer des équipes militantes avec comme principale activité l’éducation populaire tourné vers l’action par réunions publiques, stages de formation, universités populaires dans lesquels nous pouvons, suivant les sujets, vous proposer des orateurs. Les sujets importants que nous proposons sont :
- Quelle perspective stratégique pour la gauche ?
- Les sujets thématiques qui intéressent les couches populaires : chômage et précarité, santé et protection sociale, école, services publics et laïcité, citoyenneté et vivre ensemble, l’Europe, etc.
N’hésitez pas à nous faire part de votre point de vue en écrivant à evariste@gaucherepublicaine.org