On apprend qu’à l’initiative de Manuel Valls, ministre de l’intérieur et de Didier Guillaume, vice-président socialiste du Sénat, une révision de la carte des 238 sous-préfectures est à l’étude avec comme objectif des économies et donc un certain nombre de suppressions.
Le ministre et son camarade de parti se préparent ainsi à suivre la recommandation de la Cour des Comptes qui indiquait, dans un rapport récent, qu’il fallait « adapter la carte des arrondissements aux réalités sociologico-démographiques et administratives actuelles ». Ce qui, en langage ordinaire et sans langue de bois, veut dire : « au dessous d’un certain niveau de population on ferme ».
Selon Le Télégramme du 6 août seraient concernées, menacées serait plus juste, les sous-préfectures de Châteaulin, Morlaix, Lannion, Pontivy…
Il fut un temps pourtant où certain-e-s n’avaient à la bouche que « démocratie » et « proximité ». Aujourd’hui, bien à l’aise dans leurs fauteuils ou dans les ors de la République, ils et elles ont changé de chanson. Maintenant c’est la rigueur qui est à l’ordre du jour. Même si on se fait taper sur les doigts lorsqu’on prononce ce mot proscrit.
L’éloignement des services de l’état et des difficultés d’accès accrues pénaliseront, bien entendu, l’ensemble de la population. Mais plus particulièrement les plus fragiles, les plus démunis, celles et ceux qui ne peuvent pas se déplacer, qui n’ont pas de voiture ou de permis… ni internet. C’est une atteinte à l’égalité de tous à l’accès aux services de l’État Certain-e-s le disaient haut et fort (et à juste titre) lorsque Sarkozy et sa ministre de la justice avaient décidé de fermer le tribunal de Morlaix. Leur mémoire serait-elle défaillante ? A moins qu’il ne faille craindre que cela soit une étape supplémentaire vers le transfert aux collectivités locales (déjà pressurées et à bout de souffle financier) et/ou la privatisation de certaines missions de l’État… avec de juteuses perspectives de profit.
Il y a aussi une certaine incohérence, pour des raisons uniquement financières, à diminuer ainsi les moyens de l’État La défense de l’emploi et la réindustrialisation de notre pays sont proclamées, à juste titre , comme des priorités du gouvernement. Pour y répondre les territoires, les collectivités locales et leurs élu-e-s, les populations ont besoin d’un État présent. Ils ont besoin de disposer de moyens performants, proches et accessibles pour mener à bien leur action. C’est le contraire de ce qui se prépare pour des raisons strictement comptables. Les associations d’élus ne s’y sont pas trompées en s’opposant immédiatement à ce néfaste projet.
Espérons que, là encore, l’objectif ne soit pas d’ouvrir encore davantage de gigantesques marchés à des bureaux d’études « amis ». Aux frais des contribuables bien entendu.
Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, on voit la nécessité que le peuple fasse entendre sa voix et ne délègue à personne le soin de défendre son avenir.