Un puits sans fond pour les contribuables grecs !

Le gouvernement grec vend de nouveaux services publics pour rembourser les dettes et crée un « fond souverain »…ou un puits sans fond pour les contribuables grecs !


Quand on n’évoque les difficultés financières de la Grèce, nous ne devons pas écrire « ses dettes » ou « les dettes grecques », car il s’agit en fait de dettes contractées auprès de prêteurs non grecs par des emprunteurs publics ou privés établis en Grèce.
Sur les 150 milliards d’euros de dettes avouées, les deux tiers sont des dettes privées.
La finance internationale considère que c’est à l’État grec de voler au secours des créanciers privés que le défaut de leurs débiteurs risquerait de placer dans une situation inconfortable.
Et ce, même si l’état et le gouvernement grecs n’étaient pour rien dans la souscription de ces emprunts et dans l’impossibilité du secteur privé de les rembourser.
Remarquons quand même que les deux grandes familles qui se succèdent au pouvoir depuis la fin de la guerre, les Caramanlis et les Papandréou-s, ne peuvent pas ignorer de tels enjeux financiers.

Ainsi, le gouvernement grec a annoncé le 23 mai 6 milliards d’euros d’économies en vue de ramener le déficit public à 7,5 % du PIB grec dès cette année 2011.
De plus, afin de réduire la dette publique le gouvernement a annoncé la vente « immédiate » de participations publiques dans :

  • la société de télécommunications OTE,
  • la banque postale, l’Hellenic Postbank,
  • les ports du Pirée et de Salonique,
  • le service des eaux de Salonique.

Mais il y a plus avec la création d’un « fonds souverain » pour accélérer les privatisations de services publics et la vente de biens immobiliers publics.
Il faut savoir que les fonds « souverains » sont des fonds publics d’investissement appartenant à des administrations publiques et répondant à des critères et des objectifs internationaux précis :

  • ils sont gérés ou contrôlés par un gouvernement national ;
  • ils « investissent » les excédents du pays, les réserves officielles étant gérées par la banque centrale du pays
  • à l’exception du fonds stratégique d’investissement français, les « fonds souverains » investissent à l’étranger
  • ils gèrent des actifs financiers dans une logique de plus ou moins long terme,
  • ils n’ont pas d’objectif précis de bénéfice, empruntent peu ou pas du tout. C’est même interdit pour un certain nombre de fonds souverains !
  • leur politique d’investissement vise à atteindre des objectifs qualitatifs précis et des politiques, comme l’épargne intergénérationnelle, la diversification des activités nationales ou le lissage de l’activité

En clair, par l’intermédiaire de ces « fonds », un gouvernement utilise le produit des impôts et taxes pour financer des projets à l’étranger sans objectif de rentabilité, c’est à dire à fonds perdu et sans faire concurrence aux banques privées sur les marchés des emprunts d’État.
Sachant que la gestion de ces fonds publics doit répondre au  strict respect de la concurrence libre et non faussée et utiliser les services d’opérateurs privés, il y a gros à parier qu’ils ne sont pas les derniers à être orientés vers les opérations les plus risquées.
C’est par de tels canaux que l’argent des impôts et des fonds sociaux publics peuvent être mis à la disposition des grands spéculateurs qui « arbitrent » en faveur de leurs intérêts personnels, fut-ce au dépens de tous les autres. C’est ainsi que se sont creusées les pertes des banques publiques comme DEXIA en France, celles des fonds de pension des gestionnaires des retraites des fonctionnaires californiens (CALPERS) et que de nombreuses collectivités locales françaises se sont trouvées en possessions « d’obligations pourries ».

Nota : voici, selon « La Tribune » (Copyright Reuters) du 3 juin 2011, le détail des participations publiques promises à la vente pour récupérer 50 milliards d’euros d’ici 2015 et réduire la dette de 340 milliards d’euros. Nulle que de telles listes soient mises à jour par pays et par les agences de notation et les principales banques privées à destination de leurs clients.

Entreprises privatisées dès 2011

  • OTE, numéro un des Telecoms en Grèce. L’Etat détient 16% qu’il veut vendre avant la fin juin 2011.
  • Banque Postale. Les 34% du capital pourraient être cédés avant le 31 décembre.
  • Les ports du Pirée et de Salonique L’Etat en détient encore 75%. A vendre d’ici la fin 2011.
  • Société d’eau de Salonique. L’objectif du gouvernement est de céder jusqu’à 40% des 74% du capital
  • EAS. entreprise de défense détenue à 100% par l’Etat qui prévoit de céder jusqu’à 66% du capital.
  • Loterie nationale. La part du capital détenu par l’Etat doit passer de 100% à 51% voire 33%.
  • Le groupe gazier DEPA. Contrôlé à 65%, cette entreprise ne le sera plus qu’à 32% au 31-12-2011..
  • Trainose. Compagnie nationale des chemins de fer : Cession prévue de 49 à 100% du capital.
  • Larco. L’Etat entend céder les 55% qu’il détient encore dans le groupe minier avant la fin de l’année.
  • Odie, l’ambition du gouvernement est de céder 100% du capital de cet équivalent du PMU en France.
  • Casino Mont Parnes L’Etat prévoit de céder les 49% qu’il détient encore avant le 31 décembre.
  • Les licences de téléphonie mobile seront cédées à 100% au quatrième trimestre.
  • Hellinikon. Cet ancien aéroport détenu à 100% devrait être totalement privé d’ici la fin de l’année.

Entreprises à privatiser pour 2012 et 2013

(le capital détenu – la part que le gouvernement prévoit de céder – la date prévue pour la privatisation)

  • Aéroport International d’Athènes (55% – jusqu’à 21% – 1e trim 2012)
  • Autoroute Egnatia Odos (100% – jusqu’à 100% – 1e trim 2012)
  • Poste Hellénique (90% – jusqu’à 40% – 1e trim 2012)
  • Opap Paris sportifs (34% – jusqu’à 34% – 1e trim 2012)
  • Ports régionaux (77-100% – 43 à 66% – 2012)
  • Société d’eau Athènes (61% – jusqu’à 27% – 3e trim 2012)
  • EVO, défense (51% – jusqu’à 16% – 2e trim 2012)
  • Caisse des dépots&consignes(100% – 2012)
  • DEI Electricité de Grèce (51% – jusqu’à 17% – 4e trim 2012)
  • Sie autoroute Hellène 1 (100% – 2012)
  • Aéroports régionaux 1 (100% – jusqu’à 49% – 2012)
  • Hellinikon, IIe tranche ( 2012)
  • Participations bancaires (jusqu’à 100% – 2013)
  • Banque agricole ATE (76% – jusqu’à 25% – 2013)