Le président Chavez avait largement remporté les élections d’octobre 2012, avec environ 8,2 millions de voix contre un peu moins de 6,6 millions pour l’opposition. L’élection de son successeur Maduro avait été gagnée avec environ 7,6 millions de voix contre un pu moins de 7,4 millions de voix. À la récente élection législative du 6 décembre 2015, les bolivariens n’ont obtenu que 5,6 millions de voix. À cette dernière élection, l’opposition composite a obtenu environ 7,7 millions de voix et a remporté une grande majorité de députés au parlement : 112 sièges contre 55 aux bolivariens, soit plus des 2/3.
L’imposante victoire de l’opposition lui ayant donné la majorité des deux-tiers, elle peut donc utiliser le référendum révocatoire contre le président Maduro dès avril 2016 et peut aussi modifier la constitution. Seul le peuple pourrait désormais s’opposer au projet économique de l’opposition devenue majoritaire au parlement si elle s’avisait de toucher à la loi sur le travail ou à la politique sociale.
Cette défaite bolivarienne arrive après le retour de la droite en Argentine et des positions très délicates, pour ne pas dire plus, de la gauche au Brésil et au Chili. En Équateur, la succession de Correa est difficile. Seuls la Bolivie et l’Uruguay semblent solidement ancrés à gauche.
Les causes de l’échec des bolivariens sont claires :
– Ils sont soumis à une fronde médiatique sans précédent largement soutenu par les É-U.
– La baisse des prix du pétrole a été fatale. Chavez est arrivé au pouvoir avec un prix du pétrole élevé et a détourné les profits du pétrole des dividendes pour alimenter les politiques d’assistance au peuple. Mais ce pays est resté un pays à rente. Ce surplus n’a que peu alimenté une nécessaire industrialisation massive du pays qui aurait pu permettre une meilleure résistance populaire en cas de baisse des prix du pétrole. On ne dira jamais assez qu’il n’y a pas de politique révolutionnaire au pouvoir sans une réindustrialisation massive de l’économie nationale au service du peuple.
– Une lutte interne entre les bureaucrates bolivariens et les ouvriers se battant pour la démocratie ouvrière souvent remportée par les bureaucrates a sans aucun doute entraîné la baisse de la participation populaire, d’où une baisse de la participation électorale de 80 % en 2013 à 74 % en 2015.
– Une hyperinflation, une pénurie croissante des produits de base, un racket et le marché noir ont fait le reste.
Les enseignements de cet échec sont clairs. S’il est nécessaire, en cas d’arrivée au pouvoir dans un pays tel la Bolivie, de lutter rapidement contre les fortes inégalités sociales, il est primordial d’entrer rapidement dans une refondation économique structurelle, via un nouveau modèle politique (la République sociale), permettant de prendre le relais d’un financement principalement rentier de la redistribution par un financement sur ressources durables, c’est-à-dire provenant de la production de richesse, ce qui implique, comme le disait Jean Jaurès, de lever le tabou de la propriété dans les entreprises. Sur ce point, lire le premier tome du livre Penser la République sociale pour le XXIe siècle que vous pouvez acquérir sur notre site via http://www.gaucherepublicaine.org/librairie.