Vers un nouveau krach

Dormez, braves gens, l’oligarchie s’occupe de tout !
Elle s’occupe même de promouvoir l’idée que son but serait le retour de la croissance et de la prospérité. Un mensonge de plus. En réalité, son seul but est de se reproduire, et à cette fin elle doit faire se reproduire le système, ce qui passe par la restauration du profit. La profitabilité des entreprises étant en berne, le capital s’est financiarisé, mais les bulles financières éclatent, et l’augmentation des profits se fait de nouveau classiquement par la baisse des salaires, socialisés et directs, (pudiquement parlant, la dévaluation interne), avec le secours de l’accroissement de la dette publique. La violence de la lutte des classes à l’état pur.
L’oligarchie s’occupe à faire croire que son but est de diminuer la dette publique et il y en a qui le croient !  La France va bientôt avoir une dette de 100 % de son PIB. La Grèce est passée d’une dette de 130 % du PIB en 2009 à 157 % en 2012 et 175 % en 2013 ! Le chômage grec est passé de 12,6 % en 2010 à 27 % en 2013 ! Et ce n’est pas fini ! En Espagne, 10 % des familles ont tous leurs membres au chômage !

La masse monétaire augmente fortement aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Chine, au Japon. Cela nourrit de nouvelles bulles, en poussant à la hausse des prix de l’immobilier et des actions. Mais dans le même temps, la croissance est atone aux États-Unis et en Europe, et plus faible qu’habituellement dans le monde : la crise réelle est toujours là. En Europe, la BCE assure aux banques privées et à leurs actionnaires des gains faciles, en les refinançant à moins de 1% pour prêter à la Grèce à près de 5 % sur trois mois ! Est-ce que cela peut durer comme cela longtemps ? Rien n’est moins sûr !

Et pendant ce temps, la zone euro s’élargit. Au premier janvier 2014, avec l’entrée de la Lettonie, nous y compterons 18 pays . Cet élargissement est du rabiot de pain bénit pour l’oligarchie et le patronat : voilà un supplément de salariés utilisables dans le cadre de la directive « détachement », c’est-à-dire aux conditions salariales de leur pays d’origine. Plus besoin pour les patrons de délocaliser au bout du monde : avec l’Union européenne et la zone euro, le marché unique possède ses disparités salariales grandissantes en son sein, entre les pays (lire en annexe).

Ainsi, le carcan de la zone euro se resserre sur les salariés. Ne pouvant pas faire de dévaluation externe à cause de l’euro, le patronat et les néolibéraux de droite et de gauche alourdissent la dévaluation interne, c’est-à-dire la baisse des salaires ! Résultat : écart de 1à 9 des salaires minimaux, 7,5 millions de salariés en Allemagne avec 400 euros par mois, budget européen correspondant à celui de la Belgique (rapport de population de 1 à 50 !) ne permettant aucun aménagement du territoire. S’ajoute à cela, le processus d’harmonisation par le bas de la sphère de constitution des libertés (protection sociale, services publics, école)

Ainsi, nous constatons que conformément à l’analyse de Marx, la réponse à la crise dans l’Union européenne est à la fin la baisse des salaires (directs et socialisés) : il apparaît on ne peut plus clairement que la construction européenne favorise le patronat dans la lutte des classes au sein de l’UE. l’UE.

Nous nous acheminons, à l’échelle de l’histoire, vers un krach majeur. Plutôt que de faire croire, comme les auteurs à la mode (atterrés ou atterrants, au choix !) qu’il y a telle ou telle solution technique qui peut tout régler, sans se demander si les  conditions de la transformation sociale et politique sont réunies, ne serait-il pas préférable de préparer les travailleurs et les citoyens à réagir lorsque le krach aura lieu ? Voilà pourquoi le développement de l’éducation populaire, aujourd’hui trop peu utilisée, est nécessaire.

Annexe : « Xavier Bertrand s’emballe sur les travailleurs détachés », par Cédric Mathiot (Libération – 8 novembre 2013)

L’ancien ministre UMP reproche au gouvernement d’avoir reculé sur un nouveau texte européen censé réformer la directive concernée. Ce serait plutôt l’inverse…
Sept ans après Bolkestein, c’est le sujet qui (re)monte : l’Europe malade de ses travailleurs low-cost. Une dérive illustrée par le recours massif des abattoirs allemands à des ouvriers venus de l’Est, ou les cas des intérimaires roumains des abattoirs bretons Gad. En cause cette fois, une directive de 1996 encadrant les droits des travailleurs détachés, ou plutôt le comportement des entreprises qui contournent allègrement ladite directive. Lire la suite