L’assemblée générale annuelle de l’association s’est tenue par vidéo-conférence le 1er juin 2022 pour sa partie administrative, puis le 8 juin pour un débat sur la situation politique et nos prochaines actions.
Rapport moral du président
« La raison d’être de notre association étant essentiellement le soutien, l’évolution et la promotion du journal en ligne ReSPUBLICA, c’est bien sûr la « petite révolution » de ce média depuis septembre 2021 que je vais vous décrire ici dans ce rapport. J’aborderai dans un second temps les perspectives de développement que nous envisageons pour l’année prochaine, au regard des succès et des avancées que nous avons réalisés dans l’exercice qui s’achève.
Il n’échappe à personne de notre sensibilité politique que notre action se déploie dans un contexte informationnel difficile. En France, en dehors des chaînes publiques, six milliardaires monopolisent la sphère médiatique. S’il en était besoin, ce phénomène monopolistique a été visible à l’œil nu de septembre 2021 à février 2022. En effet, pendant plus de six mois, la pré-campagne électorale présidentielle a été réduite en grande partie à une observation, un commentaire permanent, voire une promotion implicite du « phénomène Zemmour ». L’ensemble des médias ont participé à cette opération que je qualifierais de stratagème de diversion. Cet exemple démontre, s’il en était besoin, que le combat pour une information différente, pluraliste et honnête doit être le souci permanent de tout militant se réclamant de la République sociale.
Lors de notre dernière assemblée générale, nous avions constaté que notre journal ReSPUBLICA, qui depuis 1999 avait maintenu la flamme du combat républicain laïque, social, écologique et féministe, n’était plus à la hauteur des enjeux, en particulier dans ce contexte de crises et de pandémie. Bref, il fallait nous transformer pour rester nous-mêmes et faire face aux défis d’une période de troubles. En effet, la situation concrète est particulièrement difficile, tant en France qu’au niveau international. Dans notre pays, l’économie est en alerte rouge, les médias aborderont certainement ce dossier brûlant… mais après les législatives ! Stagnation structurelle du Produit Intérieur Brut (PIB) par tête d’habitant depuis la crise de 2007-2008, balance commerciale lourdement déficitaire, comptes publics également déficitaires, dette publique monstrueuse, désindustrialisation massive et ratage complet de la révolution high tech, « prêts garantis par l’État » (PGE) qui ne seront jamais remboursés par des entreprises hexagonales percluses, elles aussi, de dettes. Il faut ajouter à cela aujourd’hui le retour de l’inflation qui risque de faire payer la crise par les couches populaires… qui peuvent en retour se révolter violemment ! Comme si cela ne suffisait pas, la conjoncture de la pandémie de la Covid 19 a surajouté encore des facteurs négatifs… et les faits statistiques considérés comme « symptomatiques » par les experts anthropologues démontrent la gravité dans laquelle se trouve notre nation : baisse de l’espérance de vie, augmentation de la mortalité infantile, augmentation de l’alcoolisme et des consommations de drogues et de médicaments psychotropes, baisse de la natalité… Bref, les marqueurs traditionnels et classiques de la santé physique et morale d’un peuple ne sont vraiment pas bons pour notre pays.
À cela s’ajoute récemment la guerre en Europe. La guerre en Ukraine est là pour durer longtemps et/ou se déplacer en Asie, avec un risque d’extension à d’autres pays du continent. La France ayant réintégré le commandement intégré de l’OTAN en 2009 est partie prenante du conflit. Si l’on sait comment commence une guerre, l’on ne sait jamais comment elle finit. Visiblement la France est suiviste par rapport aux USA… pour le meilleur ou pour le pire ! Face à cette situation extrêmement dangereuse, les militants de la République sociale doivent absolument disposer d’un « porte-voix » efficace pour tout simplement exister et tenter de faire bouger les choses dans le sens des intérêts du peuple français. En 2022, ne pas rester passif et muet est une exigence et un impératif à la fois politique et moral. Une nouvelle phase historique est ouverte. Une pensée politique doit être élaborée au jour le jour et collectivement. C’est une tâche difficile mais indispensable pour éviter d’être égaré par un présent sans racines et sans réflexion sur l’avenir.
Pour réaliser ce saut qualitatif, des moyens financiers étaient indispensables, alors, nous nous sommes lancés ! Une grande campagne de souscription a vu le jour sur la plate-forme « KissKissBankBank » et l’objectif initial de 6 000 euros a été très largement dépassé. S’il est indispensable d’avoir des fonds, cela ne suffit pas. Pour rénover un site de fond en comble, pour changer les fonctionnalités, pour intégrer des nouvelles innovations technologiques, pour procéder aux tests, pour vérifier les mises en place des nouveaux logiciels, bref pour faire un « nouveau ReSPUBLICA », il faut surtout beaucoup, beaucoup, de travail ! Et ce fut un travail difficile, astreignant et parfois ingrat pour les bénévoles de l’équipe.
Ainsi, en septembre 2021, nous avons pu sortir notre nouvelle formule. Les réactions de notre lectorat ont été fort positives. Mais s’ouvrait devant nous en fait le chantier le plus difficile : faire vivre le journal ; c’est-à-dire être capable de « produire des articles originaux » régulièrement, toutes les semaines. Pour cela un comité de rédaction composé de sept « permanents », si on peut dire, s’est constitué. Toutes les semaines, depuis septembre, ce CR se réunit sans sauter un seul rendez-vous. Ce travail régulier nous a permis de maintenir depuis la rentrée une parution hebdomadaire de 4, 5 et même quelquefois 6 articles originaux. Ce travail constant a eu pour conséquence de fidéliser et de développer notre lectorat et notre audience dans des proportions importantes. Signalons en particulier notre série d’articles « Services publics ou barbarie », produite en collaboration avec des intellectuels et qui a rencontré un grand succès. Mais reconnaissons en revanche qu’il est souhaitable que plus d’articles soient consacrés aux questions écologiques.
Ainsi, globalement, nous avons assuré la publication depuis la nouvelle formule de plus de 150 articles originaux en 9 mois. Le fait de considérer nécessaire et indispensable de faire notre « révolution éditoriale » en regard d’une situation générale nationale et internationale très grave, s’est révélée juste à un niveau que nous ne pouvions envisager. Le retour de la guerre en Europe avec toutes ses conséquences, militaires, économiques, sociales et monétaires en est un exemple hélas très intense.
Bref, le pari de la nouvelle formule de ReSPUBLICA a été gagné.
Il nous faut maintenant persévérer et poursuivre notre développement demain. C’est indispensable dans la période qui s’ouvre devant nous où l’incertitude et le désarroi prédominent. Le courant de la République sociale doit disposer d’un média à la hauteur des enjeux du moment historique.
Le comité de rédaction et moi-même nous proposons donc de franchir une nouvelle étape : la mise en place d’abord mensuelle puis hebdomadaire à terme si c’est possible d’une chronique vidéo sur les sujets d’actualité. Pour avoir un large public ces vidéos d’actualité doivent être le plus « professionnelles » possible. Cela demande de l’expertise, du temps en particulier de montage, et certainement des collaborations extérieures. Pour franchir cette étape vidéo, il nous faut bien sûr des moyens financiers. Je rappelle que ReSPUBLICA par choix politique n’a pas de « sponsor » ou de mécène ni officiel ni officieux. Notre seule source financière ce sont vos dons et vos cotisations, c’est la garantie de notre totale indépendance. Il nous faut des moyens importants pour continuer notre projet et pour franchir la nouvelle étape vidéo. Car continuer, cela veut dire par exemple assurer les frais de base du site web évidemment, mais aussi aujourd’hui poursuivre la collaboration professionnelle que nous avons mise en place cette année et qui contribue semaine après semaine à mettre en ligne ReSPUBLICA tous les lundis. Franchir la nouvelle étape d’implantation de vidéos aura aussi un impact financier non négligeable, il faut en avoir pleinement conscience.
Pour tenir cet objectif, si vous l’acceptez, ReSPUBLICA organisera à la rentrée de septembre une grande collecte de fonds, car il est indispensable que nous ayons les moyens financiers de notre développement. Personnellement je suis très optimiste car nos lectrices et lecteurs ont pu constater que la dernière collecte a servi effectivement et exclusivement à la nouvelle formule de ReSPUBLICA et que celle-ci est une belle réussite. Donc, il y a un vrai climat de confiance entre notre lectorat et l’équipe de journal. C’est pourquoi nous fixerons un objectif de collecte de fonds très ambitieux. Notre rayonnement et notre indépendance sont à ce prix. »
Prolongement de l’AG par la réunion du 8 juin 2022
Ouverte très largement aux sympathisants, la visioconférence du 8 juin a porté sur la situation politique nationale et internationale pour valider le contenu de la réunion à la Bourse du travail le 25 juin 2022 (voir sur celle-ci l’éditorial de ce jour), avec trois thèmes essentiels qui seront abordés en matinée :
- la situation géopolitique et la guerre en Ukraine,
- l’analyse électorale, le plafond de verre de la gauche radicale autour de la Nupes, la situation politique hors élections,
- la division des classes moyennes populaires et des classes populaires accentuée par l’intersectionnalité et le wokisme qui tend à perdre du terrain aux USA alors qu’il monte en puissance en France.
Non contente de porter un discours contre-hégémonique au niveau national par la diffusion de contenus, la Rédaction de ReSPUBLICA souhaite aussi s’impliquer dans l’organisation de développements locaux portés à partir de la base, en liaison avec ses partenaires co-organisateurs de la journée du 25 juin, le REP et Clcs-Fp. L’après-midi du 25 sera ainsi consacrée aux perspectives d’action, car le colloque du 19 février 2022 a démontré que beaucoup se sentent isolés dans leurs organisations syndicales, politiques ou autres, pour mener tous les débats nécessaires sur la question sociale, l’écologie, la démocratie, la laïcité, le wokisme, etc. Il sera proposé et débattu la création de « cercles militants » d’un nouveau genre. Dotés d’une large autonomie de fonctionnement dans le cadre de notre réseau, ces cercles locaux auront une composante de formation militante. Ils pourront participer aux luttes laïques, sociales et politiques dans un esprit trans-partisan, solliciter des intervenants et organiser des événements de leur choix.