La logique néo-libérale du résultat et de l’évaluation imposée dans les trois fonctions publiques s’accompagne partout d’une dépréciation des métiers. L’Éducation nationale ne fait pas exception à la règle. La « crise des vocations » pour le métier d’enseignant est notoire. La rupture morale des professeurs avec une institution qui les rémunère très mal, les caporalise, les divise et les méprise, n’affecte pas la seule nouvelle génération enseignante(1). Diverses enquêtes convergent pour faire état d’une déstabilisation et d’un désarroi des enseignants toutes générations confondues. À l’instar de millions de salariés du privé et du public, les enseignants sont souvent en état d’épuisement professionnel, en proie à des demandes contradictoires, illimitées et culpabilisantes, émanant des élèves, des familles, des hiérarchies, des collègues. Certains sont personnellement « cassés », en reconnaissant lucidement leur impuissance au spectacle de l’inexorable « casse » de l’École qu’ils ont servie avec conviction. Leur défaite vécue intimement, est collective, historique et politique.
Qu’ils soient résignés ou révoltés, les enseignants souffrent d’être les artisans involontaires du sabotage de leur métier...